En ce mois de la nutrition, il m’apparaissait intéressant de parler d’un concept de plus en plus en vogue, celui de la littératie alimentaire.
Qu’est-ce que la littératie alimentaire?
Est-ce le fait de connaitre les techniques pour cuisiner les aliments? Est-ce le fait de savoir lire une étiquette de valeurs nutritive? Est-ce connaitre la provenance des aliments que l’on consomme? Est-ce la capacité de s’alimenter de façon à répondre aux besoins nutritionnels quotidiens? En fait, il s’agit d’un ensemble de ces réponses, et même plus!
Loin de moi l’idée de me prétendre expert à propos de ce concept. C’est pourquoi je vous partage les propos de Marie Marquis, directrice du Département de nutrition à l’Université de Montréal :
La littératie alimentaire va de la source de l’aliment – savoir d’où viennent les aliments – jusqu’à sa consommation. Avoir une bonne littératie alimentaire implique donc de détenir des compétences pour acheter l’aliment, pour lire les étiquettes, pour comprendre l’importance des sources alimentaires locales. La littératie alimentaire implique ainsi des habiletés non seulement sur le plan nutritionnel, mais aussi des compétences au niveau social, peut-être même au niveau politique et sociologique. Ce sont ces habiletés qui nous guident dans nos achats alimentaires et nous permettent notamment d’avoir un regard critique sur la provenance des aliments ainsi que l’omniprésence des aliments transformés. Une fois que les aliments sont achetés, la littératie alimentaire nous permet également de bien les préparer et les conserver. C’est aussi ce qui nous amène à prendre conscience de l’importance de la commensalité, du fait qu’on ne mange pas de la même manière si on mange seul plutôt qu’avec d’autres personnes.
La facilité à se procurer de la nourriture, le foisonnement des aliments préparés et hautement transformés, le rythme effréné de nos vies et de celles de nos parents ont progressivement fait évoluer notre vision de la nourriture vers un simple bien de consommation, et non plus comme étant l’essence-même de la vie. Ironiquement, à l’heure où l’information est accessible partout, en tout temps, la connaissance sur l’alimentation et les compétences culinaires se sont effritées.
Contrer l’épidémie d’obésité et de diabète de type 2, lutter contre la pauvreté, favoriser l’achat local, éviter le gaspillage alimentaire, augmenter le sentiment de compétence personnelle; il devient rapidement évident que la littératie alimentaire est un enjeu de santé publique et un puissant levier de développement social.
La pandémie qui sévit sur le monde depuis plus d’un an déjà aura mi la question de l’alimentation sur toutes les lèvres. On n’a qu’à penser à l’augmentation des demandes auprès des banques alimentaires, les différentes initiatives de cuisine solidaire, la difficulté à faire son épicerie de façon sécuritaire, l’alimentation des personnes hébergées dans les CHSLD, la fermeture des restaurants et ses conséquences sur les petites entreprises et sur nos mode de socialisation, l’impossibilité de recevoir nos proches à souper, la pénurie de main d’œuvre dans les entreprises agricoles en l’absence de travailleurs étrangers temporaires, le foisonnement des jardins personnels et des poulaillers urbains, l’achat local ou à la ferme. Je ne crois pas avoir passé une seule journée sans lire un article qui concernait un pan ou un autre du système alimentaire qui, par la bande, rejoint la question de la littératie alimentaire.
Je vous invite donc, bien cordialement, à réfléchir aux actions supplémentaires que nous pourrions faire ensemble en faveur de la littératie alimentaire au sein même de vos organisations ou en collaboration avec d’autres organismes du territoire.
Guillaume Pronovost, coordonnateur