Ce mois-ci, j’ai envie de vous parler d’une tendance qui peut sérieusement entacher nos partenariats et nos projets, le biais de confirmation.
Le biais de confirmation est un phénomène cognitif spontané et inconscient, qui consiste à ne rechercher et prendre en considération que les informations qui confirment les croyances et à ignorer ou sous-estimer l’importance de celles qui les contredisent. Ce phénomène est tout à fait humain, car il comble divers besoins, dont celui d’agir vite (pour notre survie) ou le besoin de donner un sens à des choses que l’on ne comprend pas (la vie déteste le vide, cherche constamment à le combler). On dit souvent Je le croirai quand je le verrai, mais pour notre cerveau c’est plutôt Je le verrai quand je le croirai. Ça vous sonne des cloches? Même si ce processus mental est normal, il est totalement dévastateur dans la prise de nos décisions et dans nos partenariats, car les biais sont souvent irrationnels et irraisonnés. De nombreux exemples nous viennent en tête, je ne m’y attarderai pas.
Quand j’étais une jeune étudiante au baccalauréat en psychologie, on nous faisait souvent faire des exercices pour “annuler” nos biais de confirmation. Par exemple, la tendance à ne lire ou consulter les ouvrages qui confirment nos croyances et jeter un regard extrêmement critique et même acerbe envers les personnes qui ont une croyance qui contredit la nôtre est un biais qui revient souvent et dans plusieurs domaines. Ou la tendance à croire que les gens, les organisations ou même nos partenaires que nous n’apprécions pas nous cachent des choses ou des informations en est un également. Pour les annuler, nos enseignants nous incitaient à lire des ouvrages diversifiés, à élargir nos connaissances dans plusieurs domaines et discuter des cas avec nos pairs.
En effet, une des meilleures solutions aux biais de confirmation est l’intelligence collective. Quand nous partageons tous nos savoirs, toutes nos connaissances, au sein de divers mécanismes de concertation, de discussions ouvertes et objectives ou de médiation, les biais ont tendance à s’annuler. Je reviendrai prochainement sur cette fabuleuse capacité des communautés qu’est l’intelligence collective, elle mérite plus d’attention qu’un seul paragraphe.
En conclusion, je vous invite à vous questionner personnellement sur les biais de confirmation que vous avez tout au long de votre journée et dans vos partenariats, car ils sont de mauvais conseils pour nos décisions et peuvent détruire des liens, des processus et même des vies. Ce processus cognitif est humain et spontané, difficile à empêcher de venir à notre esprit, mais il est facile à contourner. Voici quelques pistes de réflexion:
- Être conscient que nous sommes tous “victimes” de nos biais de confirmation: Dans nos discussions avec les autres le simple fait de savoir que nous traitons les informations que nous recevons à travers le filtre de nos croyances et préjugés nous aide à comprendre et accepter les opinions des autres. Je le répète, c’est un processus humain et spontané, en être conscient est la première étape vers de sages décisions.
- S’interroger sur l’origine de nos opinions: Sont-elles construites sur des preuves, des raisonnements réfléchis et RÉFUTÉS ou bien sur un amoncellement d’informations, ou de rumeurs, qui se confirment les unes les autres, comme par exemple des théories du complot qui se confirment les unes les autres ou la sacro-sainte pensée On nous cache des choses! (Sérieusement, sauvez-vous en courant quand vous lisez ce genre de chose, ça ne fait que construire et renforcer nos biais).
ET LE PLUS IMPORTANT
- Ouvrez-vous SINCÈREMENT aux avis, aux opinions, contraires aux vôtres, vous allez voir, on fait souvent de belles découvertes ?
Anick Lorrain, directrice